Tel un bateau rouillé à la longue agonie
La bascule du temps égrène les secondes
Rappelle à la vieillarde la destinée honnie
Fatalité cruelle pour les vivants du monde.
La vieillarde est bien seule au soir de l’existence
Sur personne ne peut faire de remontrances
Et déverser son fiel de mégère acariâtre
Elle qui fut longtemps impossible marâtre.
Ses jours les occupait à cracher ses épines
Dans sa bouche édentée colère elle rumine
Contre ses beaux-enfants qu’elle appelait vermine
Qui ne viennent plus voir cette vieille radine.
Accompagnée au trou par un simple curé
Avare qu’elle était des joies et des bienfaits
Seule elle a expiré son jardin envahi
Non de fleurs délicates mais de touffes d’orties.
S’arrête sans retour le chemin de la vie
Il n’appartient qu’à nous d’y semer un jardin
Constellé de pétales de rose et de jasmin
Ou le laisser en proie aux ronces et orties.